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Produire sans OGM a un coût

Simulation. Les Réseaux d’élevage du Grand Est ont simulé l’impact de diverses ­modalités de passage à une alimentation sans OGM, dans différents systèmes.

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Quelles solutions adopter pour passer à une alimentation sans OGM ? Avec quels résultats ? Les producteurs de lait du Grand Est s’interrogent face à ce nouvel enjeu. Il est vrai que dans la région, les industriels y poussent plus qu’ailleurs pour répondre au marché allemand. Dans ce contexte, les Réseaux d’élevage ont simulé l’impact de différents scénarios selon le système d’exploitation.

La solution la plus simple d’acheter du correcteur azoté sans OGM se révèle économiquement perdante. Cela d’autant plus que le surcoût de ce dernier est élevé, et que la part de maïs dans l’alimentation est importante.

Concentrés : s’intéresser aux matières premières

« Le levier qui a le meilleur rapport efficacité/facilité de mise en place est le remplacement des concentrés initiaux par des matières premières », indique l’étude. L’intérêt économique connu du colza, des drêches de brasserie et des céréales autoconsommées se confirme simplement, dans ce contexte particulier du sans-OGM. Mais l’étude ne chiffre ni l’investissement qui peut être nécessaire pour le stockage, car il est propre à chaque exploitation, ni l’avance de trésorerie permettant les commandes de gros volumes. Et avec 1,5 kg de tourteau de colza remplaçant 1 kg de correcteur VL 40 initial (0,15 kg de céréales en moins, CMV pauvre en phosphore), la substitution est intéressante « dès que le prix du tourteau de colza est inférieur à 70 % de celui du correcteur type VL 40 ». Or, la hausse des prix du colza pourrait bien s’amplifier avec le développement de son utilisation.

Enfin, cultiver des protéagineux en remplacement du correcteur acheté, en système tout herbe (5 400 l/VL/an), apparaît intéressant, à condi­tion d’avoir des sols adaptés et de veiller à bien équilibrer la ration. De la recherche d’une plus grande autonomie protéique avec moins de maïs ensilage et plus d’herbe, on retiendra qu’à effectif constant, « l’impact sur le revenu est avant tout lié à la productivité par vache laitière et la part de maïs initiale ».

Plus d’herbe, un choix gagnant sous conditions

Lorsqu’elle permet de diminuer les concentrés azotés tout en maintenant la productivité (cas du système à 7200 l/VL/an), la stratégie s’avère gagnante. L’intérêt d’avoir à moins complémenter lorsqu’on utilise plus d’herbe se confirme. Mais appliquée à 8 600 l/VL, la stratégie plus herbagère fait baisser la productivité à 7200 l et les ventes, sans compensation par une baisse suffisante des charges. C’est une limite : « Apporter plus d’un tiers d’herbe dans la ration est économiquement difficilement compatible avec un niveau de productivité élevé, supérieur à 8 100 litres. »

Catherine Regnard
Quel impact sur le revenu(1) disponible du passage en non-OGM ?
Modalités de passage à une alimentation sans OG M Maïs toute l’année Maïs toute l’année-herbe Maïs en hiver-herbe 100 % herbe
8 600 l/VL 7 200 l/VL 6 300 l/VL 5 400 l/VL
MS de maïs/VL/j 12 kg de MS 10 kg de MS 8 kg de MS
Concentré par VL et par an 1 850 kg (VL 40 + VL 18) 1 350 kg(VL 40 + céréales) 1 100 kg (VL 40 + céréales) 1 200 kg (VL 40 + céréales)
Achat de correcteur azoté garanti sans OGM
si 60 €/t plus cher que le correcteur initial - 4,90 €/1 000 l - 4,70 €/1 000 l - 3,30 €/1 000 l - 1,50 €/1 000 l
si 100 €/t plus cher que le correcteur initial - 8,20 €/1 000 l - 7,80 €/1 000 l - 5,40 €/1 000 l - 2,40 €/1 000 l
Achat de matières premières
si prix du tourteau de colza = 70 % prix du correcteur initial 7,40 €/1 000 l 1,50 €/1 000 l 0,10 €/1 000 l 0,90 €/1 000 l
si prix du tourteau de colza = 80 % prix du correcteur initial 1,80 €/1 000 l - 4,20 €/1 000 l - 4,10 €/1 000 l - 0,50 €/1 000 l
Production de matières premières (pois autoconsommés) 2,70 €/1 000 l
Modification du système (et utilisation matières 1res achetées)
si plus d’herbe, en hiver et pâture printemps
- avec 10-12 kg de MS maïs en hiver, pâture : 0-15 ares - 11,90 €/1 000 l
- avec 8-10 kg, pâture : 15-30 ares avec silo fermé 6,70 €/1 000 l
Lorsque la valeur est négative, la laiterie doit au minimum verser l’équivalent pour maintenir le revenu en produisant du lait non OGM. En effet, les investissements de stockage de matières et distribution, d’aménagement au pâturage… éventuellement induits par le passage au sans-OGM n’ont pas été chiffrés dans ces simulations. (1) Revenu disponible = EBE - annuités à long et moyen termes - frais financiers à court terme. Source : Réseaux d’élevage.

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